Vous avez plébiscité un certain nombre d’auteurs sur l’année 2020 : Valérie Perrin, Franck Bouysse, Vanessa Springora, Pete Fromm, Jean-Guy Soumy, Margaret Atwood, Virginie Grimaldi, Jean-Paul Dubois, François Garde, Christian Signol, Romain Puertolas, Jim Fergus, Karine Tuil, Audur Ava Olafdottir, Eliette Abecassis, Tatiana De Rosay, Françoise Bourdin, Douglas Kennedy, Gilles Le Gardinier, Delphine de Vigan Jonathan Coe, Tiffany Mc Daniel etc… En ce premier mois de l’année, je vous en propose d’autres, connus ou moins connus qui vous ouvriront d’autres horizons…
Les romans sombres de Franck Bouysse, allégoriques, chargés d’une langue ample et envoûtante, vous ont charmés… Si vous avez déjà lu Né d’aucune femme (nouvelle fenêtre) et Buveurs de vent, (nouvelle fenêtre) pourquoi ne pas puiser dans un registre plus ancien ? Lisez Glaise (nouvelle fenêtre) qui nous plonge au cœur du Cantal en 1914, en plein cœur d’un monde rural dans lequel couve une tragédie nourrie de la découverte de l’amour, de rancœurs , de fatalisme paysan ; une écriture lyrique qui emporte le lecteur avec une tension qui monte très vite et ne s’éteint jamais.
Toujours dans l’esprit des grands espaces, vous avez aimé un auteur américain de grand talent, Pete Fromm avec son dernier livre Une vie de chantier (nouvelle fenêtre) qui réunit dans les terres du Montana deux âmes-sœurs que la mort sépare. Pourquoi ne pas lire un de ses acolytes du Montana, Rick Bass ? Dans Sur la route et en cuisine (nouvelle fenêtre) ce grand auteur décide de rendre visite à ses mentors Jim Harrison et autres grandes personnalités de la littérature et de leur cuisiner des petits plats pour les remercier.
Pour renouveler le genre et vous emporter peut-être là où vous ne vous y attendez pas… Transportez-vous dans le décor fabuleux des Appalaches avec Dans la gueule de l’ours (nouvelle fenêtre) de James A. McLaughin : c’est une sorte d’éco fiction dans laquelle Rice Moore, employé comme garde-forestier, découvre un ours mort, mutilé. Souhaitant percer ce mystère, il aidera la police scientifique à qui est confiée l’enquête, afin de confondre les coupables, prenant le risque d’exposer son passé.
Dans un autre registre : Aires (nouvelle fenêtre) de Marcus Malte. L’auteur y fait preuve d’un humour décalé pour y décrire la vie de chacun, avec ses faux gagnants et ses vrais losers. Chaque personnage finira par se croiser. Le romancier dénonce avec beaucoup de causticité les dérives de notre société, ses inepties, ses travers, ses banqueroutes.
La loi du rêveur (nouvelle fenêtre) de Daniel Pennac : dans un grand flou qui fait que l’on ne démêle pas le rêve de la réalité l’auteur raconte ses rêves dans un style poétique où l’ombre de Fellini se promène.
Lake success (nouvelle fenêtre) de Gary Shteyngart. Barry Cohen est un puissant New Yorkais à la tête d’un fonds spéculatif de 2 milliards de dollars. Toqué de vieilles montres, il se prend pour un type sympa. Lorsqu’il apprend l’autisme de son fils, il embarque dans un Greyhound pour le Nouveau Mexique, et part retrouver son premier amour… Ce road-trip va lui permettre de rencontrer une galerie de personnages qui lui feront réaliser que les nouvelles migrations créent aussi la richesse des États-Unis. C’est un beau roman sur la paternité et la rédemption.
Une machine comme moi (nouvelle fenêtre) de Ian MCEwan : Londres dans les années 80 avec les avancées technologiques de nos jours. C’est ainsi que Charlie fait l’acquisition d’Adam, un androïde doté d’une intelligence artificielle très perfectionnée. Adam sait tout faire et proclame même son amour pour Miranda la compagne de Charlie. L’auteur parvient avec finesse à mettre en rapport les catastrophes économiques et sociales de l’Angleterre et le danger de créer ce que l’on ne peut contrôler.
Le dernier Syrien (nouvelle fenêtre) d’Omar Youssef Souleimane. À Damas en 2011 alors qu’un vent de liberté souffle sur la jeunesse Syrienne brimée qui manifeste son opposition après quarante ans de silence et de peur, homosexualité et tradition, civilisation et oppression, sentiments et loyautés s’opposent et se croisent. Jusqu’au drame qui balaie les destins. Le printemps arabe vécu de l’intérieur et porté par la plume intense et poétique d’Omar Youssef Souleimane !
Kim Ji Young, née en 1982 ( nouvelle fenêtre) de Cho Nam-Joo. Le livre s’ouvre sur la fin de vie d’une Coréenne qui a sombré dans la folie. On remonte en six chapitres le fil de sa vie au fur et à mesure, avec un habile jeu de miroir entre la condition des femmes en Corée du Sud et son carcan, et celle de la condition des femmes françaises, corset invisible d’injustices et de discriminations.
Nos rendez-vous ( nouvelle fenêtre) d’Eliette Abecassis : Amélie et Vincent se rencontrent adolescents à la fin des années 80, chacun des deux ressent un coup de foudre mais ils ne se l’avouent pas. Ils se donnent rendez-vous mais la jeune femme est en retard. Leurs destins respectifs prendront une autre route et il leur faudra attendre presque trois décennies pour qu’enfin, vieillis, mûris, cabossés, ils puissent finir par s’avouer, et avouer à l’autre, qu’ils étaient faits l’un pour l’autre.
Aux armes (nouvelle fenêtre) de Boris Marme : ce premier roman d’un auteur français se passe aux États-Unis. Adjoint au shérif dans un lycée Wayne Chambers accourt sur les lieux où on entend des coups de feu, mais il demeure figé à proximité du bâtiment. Il ne parvient pas à intervenir. Quand la fusillade cesse, quatorze corps sont allongés sur le sol. La presse s’empare de l’événement pour le vilipender alors qu’il n’était aucunement prêt au statut de héros.
Le Cerbère blanc ( nouvelle fenêtre) de Pierre Raufast : Mathieu et Amandine se connaissent depuis toujours, ils sont âme-sœur. Quand les parents de Mathieu meurent dans un accident tragique, c’est décidé, Mathieu consacrera sa vie à défier la mort : il quitte la vallée et sa dulcinée. Pierre Raufast aborde les métamorphoses de nos choix, de nos amours et de nos âmes.
Le sourire du scorpion ( nouvelle fenêtre) de Patrice Gain. C’est un roman noir en deux temps : le premier voit Tom, sa sœur jumelle Luna et leurs parents s’embarquer dans la descente en raft d’une rivière chahutée du Monténégro. Trois jours de vacances sportives et dépaysées sous la conduite de Goran, leur guide et ami. Un raft-trip qui va rapidement virer au drame. le second, va confronter la famille à l’absence, à l’incompréhension, au soupçon, à la vengeance…
La femme révélée (nouvelle fenêtre) de Gaelle Nohant. Violet est une jeune Américaine qui fuit son pays et son fils et débarque à Paris sans argent, mais avec son appareil photo, elle se révèle grâce à cet objet qui donne à voir les gens à la marge des années 50, offrant un regard sur cette société invisible.
Tu seras un homme mon fils (nouvelle fenêtre)de Pierre Assouline. Louis Lambert, prof de français, rencontre à la veille de la première guerre mondiale son auteur fétiche Rudyard Kipling, auteur du poème « If » connu en France sous « Tu seras un homme mon fils ». L’auteur va tenter de faire la lumière sur la disparition du fils du grand auteur à la guerre et la responsabilité du père.
Otages (nouvelle fenêtre) de Nina Bouraoui. Court et efficace, ce texte universel achoppe sur une question contemporaine avec le personnage de Sylvie Meyer, mère de deux enfants, séparée, dont la rupture bien que douloureuse se passe sans bruit. Elle reste digne, étouffant le manque et les regrets. Mais cadre dans une entreprise qui périclite, les injonctions patronales sont de plus en plus pesantes. Jusqu’à la mission de trop, si éloignée de ses principes.Cette accumulation de pressions et de non-dits porte le germe d’une violence silencieuse et crée peu à peu une fissure. La dépression qu’elle planque la prive aussi de la notion de plaisir et du désir « qui est la vie, l’élan, la force ». C’est paradoxalement à partir de ce point de bascule que la narratrice va se sentir exister.
Trop beau (nouvelle fenêtre) d’Emmanuelle Heidsieck dénonce, à travers l’histoire un peu surprenante de Marco (qui estime avoir été lésé à cause de sa trop grande beauté), certains excès conduisant finalement tout un chacun à se plaindre pour tout et rien et à se considérer, à tort ou à raison, comme victime. Mais bien qu’il faille donc sans doute voir ironie et humour dans ce récit, l’auteure pointe avec acuité le démantèlement du modèle social français face à la montée de l’individualisme. La concurrence des plaintes entre les discriminés de tous ordres n’annonce-t-elle pas la dislocation de la société ?
Finissons par une note de légèreté : Le répondeur (nouvelle fenêtre) de Luc Blanvillain. Jean Chozène est un romancier célèbre, mais assiégé d’opportuns aussi il demande à un jeune imitateur en mal de succès, Baptiste, de répondre à sa place. S’en suivent des quiproquos et un roman jubilatoire qui dénonce avec finesse, malice et profondeur, les symptômes d’une époque où l’on est toujours connecté.
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