Les stéréotypes de genre sont l’ensemble des caractéristiques ou des actions qu’on prête généralement à un individu en fonction de son appartenance au groupe des hommes ou à celui des femmes. Dans les albums jeunesse ou les contes, cela peut se traduire par des histoires où le preux chevalier vient sauver la princesse, ou dans lesquelles les filles sont généralement habillées de robes roses, aiment la danse et jouer à la poupée tandis que les garçons aiment se bagarrer, les pompiers et jouer au foot. Pour sortir de ces stéréotypes de genre, le blog Liseur a préparé une sélection d’albums jeunesse dans lesquels les princesses en ont marre d’attendre leur prince charmant, les enfants essayent de comprendre ce qu’est la beauté et choisissent leurs jouets et leurs activités en fonction de leurs goûts.
Quand les contes sortent de l’ordinaire
Plusieurs albums jeunesse font références aux contes classiques afin de les détourner. Par exemple, dans La petite lectrice (nouvelle fenêtre) de Elodie Chambaud et Tristan Gion, celle-ci reçoit la visite de quelques princes de contes de fées qu’elle se fait un plaisir de congédier. Elle rencontre également les sept nains du conte de Blanche Neige, mais pour elle, pas question de faire le ménage à leur place. Ce qu’elle souhaite, c’est être l’héroïne de son histoire, et pour ça il faut savoir combattre les monstres et les vilains qui s’attaquent à son château. Tout ce qu’elle a besoin de savoir se trouve dans les livres, et elle en lit beaucoup, donc elle décide de rétablir l’ordre elle-même.
Dans La pire des princesses (nouvelle fenêtre) de Anna Kemp, Zélie attend bien sagement l’arrivée de son prince charmant. On peut le voir, elle a lu tous les livres de conte et sait exactement quoi faire : rester dans sa chambre et attendre celui qui viendra la chercher pour un avenir plus radieux. Mais quel avenir radieux ? Zélie passe d’une chambre de château à une autre chambre de château, elle qui rêvait d’aventure ! Heureusement, l’une de ses qualités est la ruse, et sa rencontre avec un dragon pourrait bien remettre tous les préjugés en question. Un album piquant, drôle et en vers, idéal pour le lire et le relire à voix haute.
Enfin, dans Boucle d’ours (nouvelle fenêtre) de Stéphane Servant, toute la famille ours se déguise pour le grand carnaval de la forêt. Petit ours est bien décidé à garder son costume de boucle d’ours, même face aux multiples idées de déguisement de son papa : le chevalier courageux, l’ogre féroce, le petit cochon dégourdi…et le grand méchant loup ? Quel sera son déguisement ? Car dans la forêt aussi, tout est question d’apparence…



Les apparences
La dictature des petites couettes (nouvelle fenêtre) de Ilya Green traite de la subjectivité de la beauté. Des enfants décident de faire un concours de beauté, Gabriel n’a pas le droit de jouer car c’est un garçon et les garçons ne peuvent pas être beaux selon Sophie. Puis, chacun prône sa définition de la beauté : avoir des couettes, porter du rose ou des paillettes, mettre une robe… Pour juger ce concours et désigner une ou un gagnant, on fait appel aux fourmis. Mais selon les fourmis, qu’est-ce que la beauté ?
Dans Olivia, reine des princesses (nouvelle fenêtre), Ian Falconer critique l’aspect redondant du costume de princesse, rose à paillettes et désiré par toutes les petites filles (sauf Olivia, justement). A la recherche de son identité, elle fait tout pour se distinguer des autres.


Garçon ou fille, on fait les mêmes choses ?
Cette fois encore, la petite fille de notre histoire n’aime pas le rose ! Dans Marre du rose (nouvelle fenêtre) de Nathalie Hense, notre héroïne aime les vers de terre et les grues, « des choses de garçons » comme dit son papa. Sa maman dit qu’elle est un « garçon manqué », pourtant elle se sent fille et le dit elle-même : « je suis une fille réussie ». Choses de garçons, choses de filles, les jeux des enfants ont-ils vraiment un genre ?
Dans Tu peux (nouvelle fenêtre) de Elise Gravel, l’autrice s’adresse aux enfants en général. Elle leur cite tout ce qu’ils peuvent faire ou devenir. L’originalité de cet album réside dans les illustrations, où les caractéristiques habituellement réservées aux garçons sont représentées par des filles et inversement. Par exemple, « tu peux être sensible » est illustré par un garçon en train de lire une histoire triste et « tu peux être un chevalier » est illustré par une fille habillée en armure.
Je veux un zizi ! (nouvelle fenêtre) de Laetitia Lesaffre est une confrontation entre un garçon et une fille : celle-ci souhaite avoir un zizi (sous-entendu être un garçon) afin de pouvoir faire des choses généralement associées aux garçons : gagner à la bagarre, bricoler ou encore faire pipi le plus loin. Le garçon ne comprend pas pourquoi celle-ci veut un zizi et lui oppose des arguments qui déconstruisent les stéréotypes associés aux filles et aux garçons.
Dans Les poupées c’est pour les filles (nouvelle fenêtre) de Ludovic Flamant deux frères sont à l’honneur : l’ainé nous raconte le jour où son petit frère a reçu en cadeau une poupée. Papa n’y voit pas d’inconvénient, tant qu’il ne l’apporte pas à l’école. Puis, au magasin de jouets, le petit frère souhaite une poussette pour sa poupée. Cette fois c’en est trop pour le papa qui lui choisit un vrai jouet de garçon : un boîte à outils…pour adultes. Une belle histoire dont la chute prouve la ténacité des enfants ainsi que leur volonté d’être libre de choisir les jouets qu’ils aiment.